top of page

​​

Les grandes tendances du monde des fictions mobiles

Quand la littérature s’inventait en épisodes

  • Photo du rédacteur: Sanjorge Guillaume
    Sanjorge Guillaume
  • 17 oct.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 nov.

Dans le prolongement des textes précédents où j’avais voulu évoquer le fractionnement des BD dans des magazines connus puis leur évolution actuelle liée aux nouveaux modes de diffusion.


Je voudrais aujourd’hui parler de la pratique du fractionnement qui fut appliquée autrefois à des œuvres littéraires (y compris à de grands romans qui devinrent ensuite des classiques) par le biais de ce qu’on a appelé le roman-feuilleton, une forme de publication en épisodes dans les journaux à grande diffusion, dans des revues voire même des fascicules, et qui a captivé des millions de lecteurs.Dans ce cadre, on retrouvait des notions qui nous sont maintenant familières : Comme pour les BD dont nous avons parlé, le suspense quotidien ou hebdomadaire : chaque épisode se terminait souvent par une attente ou un rebondissement, incitant les lecteurs à acheter le journal suivant pour « connaître la suite » : on appellerait cela de nos jours un souci de…fidélisation ! En outre, même si ce n'est pas directement notre propos, il faut savoir que ce format « journalistique » permettait aux classes populaires d’accéder à la littérature dans le cadre d’une tendance générale à la démocratisation...


On a oublié, par exemple, que Victor Hugo a publié certains de ses romans en feuilleton ! Le si célèbre Les Misérables a été publié en plusieurs « épisodes » sous forme de fascicules, comme un feuilleton, mais dans un cadre plus prestigieux qu’un journal quotidien, ce qui correspondait au souci de l’auteur…Gustave Flaubert, malgré ses réticences vis-à-vis de ce procédé, a accepté que Madame Bovary sorte en feuilleton, mais dans La revue de Paris, gage à ses yeux de plus de sérieux…Guy de Maupassant, quant à lui, a largement utilisé la presse, mais surtout pour ses « nouvelles », donc brèves, et non pas ses romans. Il a publié des centaines de nouvelles dans des journaux célèbres de son temps. Ses romans, comme Une vie, Bel-Ami ou Pierre et Jean (1888) ont parfois été prépubliés en feuilleton. Maupassant maîtrisait parfaitement le rythme du feuilleton, avec des rebondissements et des portraits incisifs, mais il restait sur le fond attaché à une forme littéraire plus sobre que le roman-feuilleton sensationnaliste.


Hors de France, l'exemple le plus frappant est celui du très grand écrivain russe Fiodor Dostoïevski.Des romans majeurs comme Crime et Châtiment, L’Idiot, Les Possédés et Les Frères Karamazov ont tous été publiés en feuilleton dans diverses revues russes. Cet auteur visait ainsi à toucher un large public, d'autant plus qu’étant fréquemment en difficulté financière, il lui fallait obtenir rapidement les revenus dont il avait besoin…


Article rédigé par Jean-Marie Sanjorge

 
 
bottom of page