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Les grandes tendances du monde des fictions mobiles

Akolade Bamidele : écrire pour le format Duanju, une école de rigueur narrative

  • Photo du rédacteur: Sanjorge Guillaume
    Sanjorge Guillaume
  • 15 déc.
  • 2 min de lecture

La journaliste Blessing Azugama a rencontré Akolade Bamidele, scénariste nigériane qui écrit des fictions en format vertical, pour évoquer ce que le duanju change concrètement dans l’écriture, la manière de capter l’attention et les perspectives qu’il ouvre sur le continent africain.



À ses yeux, le duanju n’est pas un simple format contraint par la durée ou par l’écran du téléphone. C’est avant tout une opportunité pour les auteurs qui acceptent d’en respecter les règles. « Si vous savez écrire pour le format vertical, vous êtes prêts à écrire n’importe quel scénario », explique-t-elle. L’écriture verticale impose une rigueur immédiate : chaque scène doit produire un effet, chaque dialogue doit servir la progression du récit, de l’ouverture jusqu’au suspense final.


Écrire pour le mobile commence, selon elle, par une question centrale : que ressent le personnage dans cette scène, et pourquoi le public devrait-il s’y intéresser. Cette réflexion émotionnelle précède toute construction technique. Une fois cette base posée, l’épisode est structuré avec précision, en passant par l’ouverture, la montée de tension, puis le basculement émotionnel qui pousse le spectateur à vouloir voir la suite. Tout ce qui n’apporte rien à l’histoire est éliminé.


Cette exigence s’est imposée à elle à travers une expérience déterminante. Sur un scénario de type mafia qu’elle pensait rythmé, les retours ont été sans appel : l’histoire était trop lente et n’avançait pas. Elle a dû reprendre l’écriture depuis le début. « Je pouvais avoir l’impression que l’histoire allait vite, mais si le spectateur n’a pas envie de lancer l’épisode suivant, alors ça ne fonctionne pas », confie-t-elle. Depuis, elle relit systématiquement ses scènes pour vérifier qu’elles font avancer l’intrigue ou révèlent un élément essentiel des personnages. Dans le cas contraire, elles sont supprimées.


Cette discipline narrative n’empêche pas l’ancrage culturel, bien au contraire. Akolade Bamidele insiste sur l’importance d’écrire des histoires connectées aux réalités africaines, aux émotions du quotidien et aux contextes locaux. Pour elle, la créativité consiste à raconter des récits qui parlent directement aux publics, sans chercher à reproduire des modèles extérieurs, mais en adaptant le langage du duanju aux cultures et aux expériences vécues.


Elle se montre optimiste quant à l’avenir du Duanju en Afrique. Dans un continent où le téléphone est devenu l’écran principal, le format mobile lui paraît naturellement adapté. « Les gens se réveillent le matin et la première chose qu’ils font est de regarder leur téléphone », observe-t-elle. Mais pour que ce potentiel se concrétise, elle identifie trois conditions essentielles : former des auteurs capables d’écrire pour le format vertical, attirer des investisseurs et des plateformes prêtes à diffuser ces contenus, et encourager une créativité enracinée dans les cultures locales.


Pour Akolade Bamidele, le duanju n’est pas une mode passagère. C’est un terrain d’apprentissage exigeant et une voie crédible pour raconter des histoires africaines.


Interview mené par par Blessing Azugama.

 
 
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