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Les grandes tendances du monde des fictions mobiles

Un papier de Salomé Hembert du Figaro sur les Duanju

  • Photo du rédacteur: Sanjorge Guillaume
    Sanjorge Guillaume
  • 17 oct.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 nov.

Quand un grand média généraliste se penche sur le phénomène duanju, c’est souvent pour le regarder comme une curiosité. Mais le papier du Figaro du 12 octobre 2025, signé Salomé Hembert, mérite qu’on s’y arrête pour ce qu’il révèle autant que pour ce qu’il omet. En 2024, Thierry Lhermitte disait en riant qu’un papier assassin dans Le Monde ou Libération annonçait souvent un succès en salle. En lisant l’article du Figaro, difficile de ne pas penser à cette vieille règle. Le texte coche toutes les cases du genre qui fronce les sourcils devant un phénomène populaire.



Côté français, réduire la plateforme naissante Story TV à quelques chiffres défavorables ne raconte pas l’histoire. Les données choisies sont partielles et, surtout, ne tiennent pas compte de la réalité multiplateformes où se joue l’attention aujourd’hui. Chaque mois, les comptes français qui publient des fictions verticales déclenchent des vagues de visionnages (par millions), de partages et de commentaires.


Ce que le papier omet aussi, c’est que ce format permet aux créatifs de reprendre la main sur l’algorithme des réseaux sociaux en privilégiant une mise en scène, des comédiens et une écriture, plutôt que de laisser prospérer des vidéos sans direction, sans interprètes et sans récit.


L’article ne dit pas non plus que des projections ont réuni en France des professionnels, et que des rencontres internationales se multiplient autour de ces formats. Scénaristes, producteurs, diffuseurs testent, débattent, itèrent. Ce tissu d’initiatives constitue déjà un signal.


Autre angle absent : la grammaire narrative. Dès le titre, l’article compare le duanju au téléroman “Amour, gloire et beauté” “dopé aux stéroïdes”, cadrant d’emblée le sujet comme un soap télévisé plutôt que comme un format natif mobile. Juger le format à l’aune d’un feuilleton télé classique revient à reprocher au haïku de ne pas être un sonnet.


L’article passe à côté de la richesse réelle du format. En y regardant de plus près, on découvre des créations subtiles, parfois historiques, fantastiques, sociales ou comiques. Le duanju n’est pas qu'une caricature de fiction rapide.


Côté politiques publiques, un détail significatif manque. En juillet, lors d’un déplacement en Asie, Gaëtan Bruel, le nouveau président du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) avait évoqué le format. Depuis, silence. Plutôt que d’encourager des contenus exigeants pour les jeunes publics, le débat s’est surtout focalisé sur les dangers généraux des écrans. On peut vouloir protéger et, en même temps, stimuler la création de récits pertinents, encadrés, visibles.


Petit rappel utile sur l’économie du cinéma. Si tout le monde, y compris les publics exigeants, peut encore s’asseoir au cinéma à un prix raisonnable, c’est parce que les films populaires remplissent majoritairement les salles et portent l’économie de toute la filière. Leurs millions d’entrées amortissent les risques, alimentent les mécanismes de financement et permettent aux œuvres plus fragiles d’exister. L’audiovisuel reste une industrie. Sans ces succès de masse, le prix d’un film d’auteur grimperait et beaucoup de projets ne verraient jamais le jour. Dit autrement, les films populaires financent les films des salons. Plutôt que d’opposer ces mondes, reconnaissons cette solidarité industrielle et culturelle.


Et maintenant ? On peut débattre duanju contre télé ou cinéma, ou regarder ce que les spectateurs font déjà comme choix. Et pourquoi pas, chère consœur du Figaro, venir voir de près ce que vous n’avez pas raconté.


Article rédigé par Guillaume Sanjorge


Source

Le Figaro, 12 octobre 2025

MSN, 12 octobre 2025

 
 
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