La 5G a fait basculer la vidéo en ligne sur le téléphone
- Sanjorge Guillaume

- 20 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 oct.
En 2020, en pleine campagne municipale, la 5G s’invitait dans le débat public. Le maire écologiste Éric Piolle lançait alors une formule marquante sur RTL : « La 5G, c’est pour nous permettre de regarder des films porno même quand vous êtes dans votre ascenseur en HD ». Une provocation destinée à dénoncer la consommation énergétique du numérique et à interroger la notion de progrès. Cinq ans plus tard, ce qui relevait du trait d’esprit est devenu réalité : la 5G rend possible le visionnage fluide de séries Duanju jusque dans les lieux les plus improbables.
L’installation de la 5G avait suscité de vives polémiques en France. Le débat portait à la fois sur l’impact environnemental, les inégalités territoriales persistantes et les enjeux de souveraineté technologique liés à la dépendance envers des fournisseurs étrangers.
La Chine en pointe sur le déploiement
Les tests 5G en France débutent en 2018, avant un lancement commercial en 2020. Très vite, la question prend une dimension géopolitique : la Chine cherche à imposer Huawei et ZTE, tandis que la France limite leur accès au marché. L’ANSSI restreint l’usage des équipements Huawei, obligeant Bouygues Telecom et SFR à remplacer des milliers d’antennes, tandis qu’Orange et Free privilégient Nokia et Ericsson. Huawei annonce parallèlement un projet d’usine d’équipements en Alsace pour un investissement de 200 M€, dont l’ouverture est attendue autour de 2025, mais sans compenser la perte de terrain. La 5G devient alors un champ de bataille où la souveraineté compte autant que l’innovation.
La Chine joue un rôle central dans la 5G mondiale, avec environ 4,5 millions de stations de base déployées fin 2025. Ses opérateurs ont bâti un réseau domestique très dense, tandis que Huawei et ZTE équipent de nombreux pays et que des marques comme Xiaomi, Oppo et Vivo diffusent des smartphones 5G abordables. Portée par des investissements soutenus et des déploiements clés en main, cette présence s’étend de l’infrastructure aux terminaux et accélère l’adoption du mobile partout dans le monde.
L’évolution du streaming : des ordinateurs aux téléphones
Le streaming n’a pas toujours été instantané. À ses débuts, il rimait avec des temps de chargement interminables sur les ordinateurs, freinés par des connexions encore lentes. L’arrivée du haut débit a permis l’essor de YouTube puis de Netflix, donnant au streaming ses lettres de noblesse. Avec la généralisation des smartphones, la vidéo est devenue mobile, mais longtemps limitée par la 3G puis la 4G, trop étroites pour une consommation massive en haute définition.
C’est là que la 5G a ouvert un nouveau chapitre : une vitesse accrue, une latence réduite, une stabilité renforcée, jusque dans des lieux auparavant inhospitaliers au signal. Le streaming s’est d’abord attaqué au cinéma et à la télévision, il a ensuite envahi nos téléphones, et désormais la 5G lui offre des conditions optimales pour s’y installer durablement. Les séries Duanju, pensées pour le mobile, trouvent ainsi leur espace naturel dans ce nouvel écosystème.
Ce que certains présentaient en 2020 comme du superflu est devenu une réalité technologique et culturelle. La 5G n’a pas seulement transformé les usages numériques : elle a permis au téléphone de devenir un écran central dans le divertissement. Les Duanju, formats courts et verticaux, ont profité de cette évolution.
Article rédigé par Guillaume Sanjorge
Sources
• RTL, 5 juillet 2020
• Le Monde, 17 août 2020
• Reuters, 22 juillet 2020
• RCR Wireless, 27 juin 2025
• China Mobile – Résultats annuels 2024 (PDF), 20 mars 2025


